Stéphane PETROGNANI

Avec plus d’une centaine de sites révisés et 2500 figures animales analysées, mon travail doctoral m’a permis de proposer une mise en séquence globale de l’art pariétal « anté-magdalénien ». Conscient, grâce aux résultats de la thèse, de l’importance des caractères formels dans la construction des phases graphiques du Paléolithique supérieur ancien, j’ai développé une nouvelle phase de ma recherche afin d’affiner la méthodologie analytique sur le style. Cette approche a largement été renforcée au sein d’un contrat postdoctoral financé par la Fondation des Treilles, permettant le développement d’un outil qui n’a cessé de matérialiser une clé de lecture des sociétés préhistoriques : l’analyse thématico-stylistique. J’ai testé mes modèles en collaboration avec d’autres chercheurs afin de l’appliquer à d’autres thématiques, tels les signes ou les figures féminines, et de dépasser mon cadre chronologique. La confrontation de ces ensembles m’a conduit à interroger aussi la notion de « territoires symboliques » et ses potentialités au sein de l’Europe paléolithique, dans le cadre de l’ANR Préhart. Ce travail conceptuel s’est notamment concrétisé par l’organisation d’une session au congrès international de l’IFRAO à Cáceres.

L’approche globale développée dans mes premières années de recherches m’a convaincu de la nécessité d’approfondir les analyses in situ, et d’accentuer les collaborations interdisciplinaires. Depuis 2011, j’ai dirigé ou co-dirigé 3 programmes d’études de grottes, qui s’ajoutent aux 8 programmes de recherche intégrés et aux 8 études de sites auxquelles j’ai contribué entre 2005 et 2023. Ma direction de la fouille programmée de la grotte de La Mouthe depuis 2018 mais également l’étude des parois de Jovelle depuis 2022, ont pour objectif de démontrer combien les figures préhistoriques peuvent apporter de véritables diagnostics chronologiques, en participant à la définition d’aires culturelles paléolithiques.

Développer les échanges avec la communauté scientifique se concrétise par la diffusion de mes travaux à travers des colloques et des publications mais également des projets éditoriaux comme la direction de plusieurs volumes de revues, notamment dans Quaternary International (2016), ou les Nouvelles de l’Archéologie (2019). Avec plus de 400 heures d’enseignements effectuées dans différentes universités comme Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Paris Est Créteil, Toulouse 2 Le Mirail, ou le Muséum National d’Histoire Naturelle, j'ai mis en pratique, dans des enseignements de la Licence au Doctorat, mon expérience de recherche et ma pratique de terrain pour transmettre la maîtrise des méthodes que j'ai développées. Enfin, proposer une restitution des connaissances, dans une dynamique de « partage » avec le grand public, est un des aspects qui me tient à cœur. J’ai notamment été membre du comité scientifique de l’exposition « Arts et Préhistoire » en 2022-2023 et réalisé plusieurs ateliers pédagogiques autour de l’art préhistorique à destination du grand public, et tout particulièrement des enfants ; le plaisir de transmettre ma passion se mêle ainsi à l’opportunité d’accroître la visibilité de mes travaux de recherche et leur valorisation.