Mardi 7 juin 2022 à 13h, amphi de l'IPH, par Olivier Belin et Yannick Miras, puis par Xavier Boës, spécialiste géoarchéologue, INRAP ; membre de l’UMR 7194 HNHP équipe PAST

Présentation de la convention INRAP et présentation sur le programme de recherche INRAP « géoarchéologie des plus anciens sites archéologiques d’Afrique »

Présentation de la convention INRAP, par Olivier Belin et Yannick Miras

Suivi de :

Épisodes d'eau douce et occupation des hominines à l’ouest du Bassin du Turkana entre 4.20 et 0.70 Ma : Revisiter la question de l'aridité en Afrique de l’Est au Plio-Pléistocène

Programme de recherche INRAP « géoarchéologie des plus anciens sites archéologiques d’Afrique »

Responsable Xavier Boës - spécialiste géoarchéologue, INRAP ; membre de l’UMR 7194 HNHP équipe PAST

Au cours de cette rencontre scientifique, je présenterai le programme de recherche « géoarchéologie des plus anciens sites archéologiques d’Afrique » que je dirige à l’INRAP depuis 2016, dans le cadre de la Mission Préhistorique au Kenya (Dir. S. Harmand). Pour l’illustrer, je présenterai une synthèse des données géoarchéologiques disponibles sur la période entre 4,20 Ma et 0,70 Ma à l’ouest du Bassin du Turkana (Rift est-africain, Kenya). Cette synthèse permet de comprendre que les hominines, notamment les espèces ayant des capacités de fabriquer des outils en pierre, se sont installés lors d'épisodes d'eau douce qui contrastent avec l'aridité du bassin. Au cours du Plio-Pléistocène, les rivières et les lacs des hauts plateaux kenyans et éthiopiens se sont connectés au Bassin du Turkana, propageant l'environnement d'eau douce dans la zone aride. Le croisement des données de géochronologie, géologie, paléohydrologie et paléobiologie autour des gisements archéologiques et paléontologiques me permet de mettre en évidence l'apparition de conditions d'eau douce au cours de plusieurs épisodes datés à 4,15-4,11 Ma, 3,98 Ma 3,50 Ma, 3,30-3,20 Ma, 2,53 Ma, 2,34 Ma, 2,25 Ma, 1,80-1,70 Ma, 1,47 Ma, puis entre 1,10 Ma et 0,80 Ma et enfin à 0,75 Ma. Des événements archéologiques et paléoanthropologiques clés se produisent dans ces environnements. Ces événements incluent l’apparition d’Australopithecus anamensis (4,20-4,10 Ma) et de Kenyanthropus platyops (3,50-3,30 Ma), ainsi que les premiers outils en pierre connus (3,30 Ma) ; la présence du Paranthropus aethiopicus (2,55-2,40 Ma) et des premiers Homo (2,34-2,30 Ma) ; les plus anciens sites Oldowayens du Kenya (2. 34 et 2,25 Ma) et la plus ancienne preuve connue de l'émergence du façonnage des bifaces en Afrique de l'Est (1,80 Ma) ; le premier site acheuléen connu (1,76 Ma), la présence d'Homo ergaster/erectus (1,75 Ma, 1,47-1,42 Ma et 1,00 Ma), ainsi que d'autres sites acheuléens (entre 1,00 Ma et 0,70 Ma). Mes recherches montrent que la variation diachronique de la connectivité du drainage et de l'apport d'eau douce a considérablement modifié l'apparence de l'environnement dans cette partie du bassin, ainsi que la disponibilité de l'eau et des ressources alimentaires pour plusieurs espèces d'hominines fabriquant des outils en pierre (K. platyops, Paranthropus, H. habilis, H. ergaster/erectus), et que ces facteurs - plutôt que l'aridité - ont joué un rôle dans le régime alimentaire et le comportement des hominines, y compris leur développement technique et culturel.

Mots clés : Rift est-africain ; évolution des hominines ; Lomekwien ; Oldowayen ; Acheuléen ; Formation Nachukui.

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Crédits
Xavier Boës, INRAP, UMR7194 HNHP
Publié le : 23/05/2022 14:29 - Mis à jour le : 23/05/2022 14:29