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Cycle de conférences délivrées par C. Daujeard dans le cadre des Cours Publics du Muséum (mars - avril 2017)

Survivre au Paléolithique ancien (3,4-2 Ma) : la viande à tout prix? - La Guerre des Carcasses (1/3)

Au pléistocène, la coexistence des homininés avec de nombreux carnivores implique une forte compétition pour les ressources et les lieux de vie. cette compétition a influencé certaines stratégies de subsistance et de peuplement humain. mais dans quelle mesure peut-on parler d’histoire coévolutive entre homininés et carnivores ?



L’augmentation de la part de viande et de graisse animale dans l’alimentation des premiers homininés il y a environ 2 millions d’années a eu un impact considérable sur leurs relations éco-éthologiques avec les autres grands prédateurs et charognards. En effet, cette incursion dans la guilde des carnivores a entraîné différentes formes d’interactions ou de processus coévolutifs : attaques directes, confrontations passives, dispersions, extinctions, commensalisme, ou même domestication à la fin du Pléistocène.

Grâce à diverses études de cas, ce cycle de conférence retrace l’histoire des interactions hommes-carnivores au cours du Pléistocène en Afrique et en Europe, dans un contexte de forte compétition et de densité humaine croissante. Les acquis primordiaux que représentent le feu et les armes de chasse ou encore la mise en place de stratégies de confrontation ou d’évitement plus élaborées ont été des atouts majeurs dans l’extension des territoires.

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Survivre au Paléolithique ancien (3,4-2 Ma) : la viande à tout prix? - La Guerre des Carcasses (1/3)
La compétition hommes-carnivores et les premières migrations (2-0,5Ma) - La Guerre des carcasses (2/3)

Autour de 2 Ma, la part croissante du régime carnivore chez les homininés induit une compétition accrue avec les autres prédateurs et charognards, impliquant des bouleversements à la fois parmi la guilde des carnivores et dans les stratégies de subsistance et de peuplement humain en Afrique du nord et sur le pourtour méditerranéen.



À partir de 2 Ma on observe des marques de boucherie plus fréquentes sur les carcasses. Plusieurs sites oldowayens d’Afrique de l’Est datés de cette période ont fourni des preuves d’acquisition et de consommation de petits herbivores. Une exploitation bouchère plus complète et systématique de carcasses moyennes à très grandes (pachydermes) a également été mise en évidence dans des sites acheuléens anciens. Cette part croissante du régime carnivore chez les hominines a induit une compétition accrue avec les autres prédateurs et charognards dans l’accès aux carcasses.

En parallèle, on observe une diminution des niches occupées par certains grands carnivores d’Afrique de l’Est à partir de 1,5 Ma, ainsi que l’extinction d’espèces comme le félin à dent de sabre, soulignant sans doute le rôle des hommes dans ces bouleversements. Inversement, l’arrivée en Europe de ces grands carnivores, félins à dent de sabre puis hyènes géantes, aurait eu un impact sur les premiers peuplements humains.

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La compétition hommes-carnivores et les premières migrations (2-0,5Ma) - La Guerre des carcasses (2/3)
Pré-néandertaliens et néandertaliens en europe (0,5-0,04 Ma) : deux superprédateurs ? - La Guerre des carcasses (3/3)

Plus de 80% des protéines consommées par les néandertaliens sont d’origine animales. cette consommation équivaut à celle des grands carnivores. les néandertaliens sont des chasseurs extrêmement compétents, maîtrisant tous les types d’acquisition de la viande, ce qui les place de fait en première ligne face aux autres prédateurs.



Aux environs de 400 000 ans, en Europe et au Proche-Orient, de nouvelles stratégies de subsistance émergent parmi les populations de pré-Néandertaliens (Homo heidelbergensis), en parallèle à des changements environnementaux et à d’autres innovations, comme la domestication du feu ou de nouvelles techniques de taille de la pierre. L’extension des territoires en Europe a dû être favorisée par les niches écologiques laissées vacantes par les hyper-prédateurs.

Néanmoins, la diminution de ces grands carnivores a dû également entraîner une baisse du nombre de charognes disponibles dans l’environnement, forçant les hominines à perfectionner leurs techniques de prédation. L’Homme de Néandertal représente l’exemple le plus emblématique de la recherche d’une ressource alimentaire carnée. Même si son régime comportait une part végétale non négligeable, il est principalement carnivore et ses gibiers le placent en haut de la chaîne alimentaire, comme chasseur compétitif plutôt que comme charognard.

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Pré-néandertaliens et néandertaliens en europe (0,5-0,04 Ma) : deux superprédateurs ? - La Guerre des carcasses (3/3)
Publié le : 27/05/2020 20:10 - Mis à jour le : 06/12/2023 11:15
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