Cycle de conférences délivrées par V. Lebreton dans le cadre des Cours Publics du Muséum (janvier - février 2016)
Les assemblages polliniques actuels restituent une image fidèle de la végétation locale et régionale mais la palynologie peut également servir à décrire les environnements passés. Le pollen est un puissant marqueur de la réponse de la végétation aux changements climatiques du Quaternaire. Lors des périodes froides, les assemblages polliniques dominés par les herbacées reflètent des milieux ouverts. A l’inverse, lors des périodes de réchauffements climatiques, l’augmentation des taux de pollen d’arbres témoigne de la reconquête forestière. La morphologie des grains de pollen varie selon les plantes émettrices. Les assemblages polliniques actuels restituent alors une image fidèle de la végétation locale et régionale, avec une signature caractéristique selon que le milieu est ouvert ou fermé. Appliquée aux derniers millions d’années en suivant une démarche actualiste, la palynologie va également servir à décrire les environnements passés. En effet, le pollen émis, transporté puis déposé sur le sol peut se conserver lorsqu’il est enfoui rapidement dans le sédiment. La période géologique du Quaternaire se caractérise par l’émergence puis la récurrence de cycles climatiques depuis 2,6 millions d’années. Les analyses polliniques entreprises sur des sédiments quaternaires enregistrent les dynamiques environnementales en réponse à ces changements climatiques. Des assemblages polliniques dominés par les herbacées témoignent de l’ouverture des milieux lors des périodes glaciaires. L’essor des taxons polliniques d’arbres marque la reconquête forestière lors des périodes interglaciaires.
L’évolution de l’Homme et de ses cultures s’inscrit dans un cadre environnemental marqué par l’alternance des cycles climatiques glaciaires et interglaciaires. Les Hommes préhistoriques ont ainsi dû s’adapter aux contraintes des milieux. Les modalités de l’exploitation du milieu végétal par les Homininés s’inscrivent dans le cadre environnemental du Quaternaire marqué par la cyclicité climatique. Les groupes humains profitent de la biodiversité des milieux tempérés lors des interglaciaires. Pendant les glaciaires, ils se déplacent vers des zones refuges de la végétation et de la faune localisées en région méditerranéenne. En caractérisant les environnements quaternaires, la palynologie aborde la problématique de l’exploitation du milieu végétal par l’Homme préhistorique. L’évolution de l’homme et de ses cultures s’inscrit dans un cadre environnemental marqué par l’alternance des cycles climatiques glaciaires et interglaciaires. Le croisement des données souligne la capacité d’adaptation des Hommes préhistoriques aux contraintes des milieux. Les groupes humains profitent de la biodiversité offerte par les environnements tempérés lors des périodes interglaciaires. Pendant les phases glaciaires, de nombreuses zones refuges de la végétation arborée et de la faune se mettent en place en région méditerranéenne. Les groupes humains se sont aussi déplacés vers ces zones refuges où les conditions climatiques étaient plus clémentes pendant les glaciaires. Les relations homme-milieu montrent donc des interactions complexes entre l’évolution morphologique des Homininés, l’augmentation de ses capacités cognitives et les modifications des écosystèmes tempérés en relation avec le changement climatique global
Si les activités des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique ne modifient pas le milieu végétal, à partir du Néolithique, agriculture et élevage vont interférer avec la dynamique naturelle de la végétation. La palynologie permet de séparer l’influence du climat de l’impact anthropique dans la structuration des environnements. Si les activités des chasseurs-cueilleurs du Paléolithique ne modifient pas le milieu végétal, l’agriculture et l’élevage à partir du Néolithique vont interférer avec la dynamique naturelle de la végétation liée au réchauffement climatique holocène. C’est pendant le réchauffement climatique holocène que s’enregistre la transition entre les populations de chasseurs-cueilleurs du Paléolithique et les sociétés d’agriculteurs et d’éleveurs du Néolithique. Auparavant au Pléistocène, l’environnement n’est pas modifié de façon perceptible par les activités humaines et la dynamique spatiale et temporelle de la végétation est uniquement liée aux variations climatiques. L’Homme préhistorique du Paléolithique s’adapte aux contraintes environnementales et climatiques. Par contre, les nouveaux comportements de subsistance des sociétés préhistoriques à partir du Néolithique vont modifier durablement les paysages en surimposant l’impact de l’anthropisation aux effets du réchauffement climatique global. Les cultures pratiquées et/ou les phases de déforestation sont visibles sur les diagrammes polliniques. Ainsi, la palynologie permet de dissocier l’influence du climat de la pression anthropique pour analyser l’origine des changements environnementaux au cours de l’Holocène.